
01. Gennaio 2041
URGENT : l'Armée valdaque annonce avoir éliminé Isaako Jesaja

Le parrain de la mafia en fuite aurait été abattu par un hélicoptère IAR-400 "Dementor" près de la localité de San Marzio, à proximité du volcan Cataneo
C'est Noël
après l'heure pour les Aliléens. A l'occasion d'une conférence de presse exceptionnelle, Petru Căprărescu, consul de la République de Valdaquie en Alilée-Arovaquie, a annoncé l'élimination d'Isaako Jesaja,
capo di tutti (parrain) de la mafia aliléenne et commanditaire présumé de l'attentat du 21 décembre, qui a fait 31 morts et une cinquantaine de blessés, au cours d'une opération menée par l'Armée valdaque et les autorités aliléennes. Pour rappel, Isaako Jesaja était en
cavale depuis juin dernier, après que son bras-droit, Luciano Fucarini, et une dizaine de ses lieutenants, aient été interpellés par les
Carabinieri dans un coup de filet inédit. Réputé insaisissable, Isaako Jesaja était déjà passé de nombreuses fois entre les mailles du filet lors d'opérations anti-mafia menées par la police lébirienne. Cette dernière, incapable d'assurer la sécurité en Alilée seule, avait finalement rallié l'envahisseur apaméen en février 2041, celui-là même qui a offert par la suite le titre d'"
Exarque" à Isaako Jesaja, le propulsant de facto au rang gouverneur de l'île d'Alilée et le chargeant de sa défense contre les armées valdaque et ennissoise - le comble de l'ironie pour la police lébirienne. Au regard de ce parcours pour le moins singulier, Isaako Jesaja n'était plus considéré comme un "simple" criminel, mais bien comme un terroriste - encore plus suite à l'attentat du 21 décembre - et comme "
l'ennemi public numéro un" par les nouvelles autorités aliléennes, mais aussi par la Valdaquie, qui s'est énormément investie dans sa traque.
Petru Căprărescu, qui représente la Valdaquie à Miliameni, a expliqué qu'Isaako Jesaja avait été localisé par triangulation GPS, sur la base de l'utilisation de son téléphone portable, et par certains témoignages anonymes. "
Après une semaine de surveillance, nous étions certains d'avoir affaire à Isaako Jesaja", a-t-il poursuivi. Après avoir reçu le feu vert du premier-ministre Vittorio Andreotti, un hélicoptère de combat IAR-400 "
Dementor" a décollé de la base aérienne valdaque "
Imperator Nero", située à Ponte Nemesi, dans le but de neutraliser le "parrain terroriste". "
Les reconnaissances de terrain ont révélé que la cible était retranchée, protégée par une demi-douzaine d'hommes et surtout bien armée [...] nous n'avons pas souhaité risquer inutilement des vies aliléennes ou valdaques", s'est justifié Petru Căprărescu. Le 31 décembre, aux alentours de 22 heures, le IAR-400 "
Dementor" a tiré plusieurs roquettes sur la planque d'Isaako Jesaja (une petite maison de montagne près du volcan Cataneo), filmant l'entièreté de son intervention par optique nocturne - la vidéo a été envoyée à la presse et est aussi disponible sur le net. Peu après, la police a exploré les ruines et remis les restes de plusieurs personnes à la médecine légale, qui a formellement estimé que certains d'entre eux appartiennent à Isaako Jesaja : "
malgré le piteux état des 'corps' récupérés, nous avons pu identifier Isaako Jesaja grâce à sa denture", ont-ils expliqué.
La nouvelle année commence donc d'une manière singulière pour l'Alilée. Si la mort d'Isaako Jesaja a été unanimement accueillie avec soulagement, celle-ci tourne définitivement la page de la Guerre de Cérulée et du passé lébirien en général. "
La Ligue a passé dix ans à essayer de coincer Jesaja tandis que la Valdaquie n'aurait eu besoin que de quelques mois", ironise un Aliléen. Mais la méthode employée par Albarea, certes radicale, n'a pas fait que des émules : beaucoup ont crié à l'ingérence et nombre de magistrats auraient souhaité que le
capo di tutti soit jugé. A quelques semaines des élections législatives - et présidentielles -, nombre de partis (surtout à gauche) ont annoncé qu'ils réclameraient l'indépendance "
totale" de l'Alilée ainsi que le retrait des troupes valdaques s'ils arrivaient au pouvoir. D'autres (de la droite à une partie de l'extrême-droite) ont remercié la Valdaquie pour son aide qui, ils l'espèrent, sera également économique dans les mois à venir. "
L'Alilée, mais aussi l'Arovaquie, affichent encore les stigmates de la crise lébirienne et de la guerre. Sans coup de pouce, nous ne nous en sortirons pas", a déclaré l'économiste Alfredo Rossi, candidat aux élections législatives à Filipiada pour le Raggrupamento Aliliano (Rassemblement aliléen).
Enfin, il ne fait nul doute que la question sécuritaire tiendra une place éminemment importante dans la campagne à venir, au même titre que l'avenir de l'économie aliléo-arovaque. Après avoir vu son produit intérieur brut divisé par deux, l'Alilée (mais aussi l'Arovaquie), qui constituait déjà la province la plus pauvre de la Ligue de Lébira, n'a tout simplement pas les moyens d'entretenir une force armée moderne et bien équipée, digne de faire respecter sa souveraineté en Cérulée.
"L'Alilée est située au cœur de la Cérulée [...] par sa seule position géographique, elle fait l'objet de convoitises", assure l'expert en géopolitique Renzo Gallo, maître de conférence à l'Università degli studi di Palermo. Une réalité connue de tous et qui confirme le statut de protectorat valdaque de facto qui entoure l'Alilée. En effet, Petru Ursachi, dans une conférence de presse en décembre dernier, a réaffirmé le rôle essentiel des forces valdaques dans cette partie de la Cérulée - celles-ci devant garantir la stabilité de cette mer stratégique et protéger l'Alilée et l'Arovaquie de
toutes les menaces dont elles pourraient faire l'objet. Ainsi, la première mission de la future assemblée démocratiquement élue sera d'établir un cadre légal sur cette situation de fait, et éventuellement de poser des bases pour la constitution d'une force d'autodéfense aliléo-arovaque, en complément des forces valdaques. Ensuite, la question du traitement des anciens officiers lébiro-apaméens (tels qu'Isaako Jesaja) devra être débattue.