Débat sur une proposition de lois - 17 mars 2042
Proposition de loi : ouverture de la gestation pour autrui aux demandeurs internationaux
Le parlement doit aujourd'hui se prononcé sur la proposition de loi du du député de la Fédération du Progrès Scientifique,
Edgar Collins. Trois demandes d'interventions ont été accordées, la première au
Père Andrews de la Fédération de l'Humanisme Catholique, la seconde à
Elizabeth Hamrock de la Fédération de l'Authenticité et la troisième à
Benjamin Harson de la Fédération Posthumaniste. Voici la proposition :
La gestation pour autrui (GPA) est une pratique médicale de lutte contre l'infertilité reconnue, encadrée et réglementée par la loi eschatonne.
Cette proposition de loi vise à étendre les possibilités existantes en permettant à des citoyens n'ayant pas la nationalité eschatonne d'avoir recours, en accord avec notre législation, à la GPA. Pour rappel, le principe de la GPA est qu'une femme, appelée mère porteuse ou gestatrice, est inséminée par des embryons, puis est enceinte et accouche d'un enfant qui est remis à la naissance à la personne ou au couple infertile, appelés aussi « parents intentionnels ». Les embryons ne sont pas conçus avec l'ovule de la mère porteuse, mais avec celui d'une donneuse d'ovocyte ou de la femme infertile, appelée également « mère intentionnelle » ou « mère d’intention ».
Edgar Collins prend la parole pour défendre sa proposition :
Notre pays est depuis toujours une terre de liberté. Depuis de nombreuses années, cette liberté se matérialise notamment par le droit de recourir à la GPA. Ce processus est encadrée et très réglementé ce qui le rend sûr aussi bien d'un point de vue médical que pour le bien être de l'ensemble des parties prenantes. Cette liberté dont joui le peuple eschaton est malheureusement très rare, nous sommes en effet l'un des seuls pays au monde à l'autoriser, dans de nombreux pays, cette pratique est condamnable et mène à deux situations : le malheur d'un couple ne pouvant procréer ou l'exploitation du couple et de la gestatrice par des pseudos-médecins ne recherchant que le profit. Nous avons décidés de proposer une troisième alternative, l'alternative eschatonne. Un couple, peu importe son origine, sa religion ou sa nationalité doit pouvoir avoir recours à la GPA. Nous soumettons donc aujourd'hui, à ce parlement, une proposition visant à l'ouverture aux étrangers de la GPA en Eschaton.
Le
Père Andrews de la Fédération de l'Humanisme Catholique est le premier à réagir :
Mon principal argument est celui de l'absence totale du respect de la dignité de la personne humaine de votre proposition. Mais nous commençons à en avoir l'habitude avec votre gouvernement ! La GPA est une instrumentalisation, une marchandisation du corps de la femme, a fortiori lorsque la mère porteuse reçoit une indemnisation. Ce n'est rien d'autre qu'une exploitation des femmes les plus démunies. La dignité de l’enfant est également totalement bafouée, il ne devient rien d'autre qu'un objet de consommation, un bien échangeable et répondant au prix du marché. Ce que vous voulez faire c'est agrandir ce marché, permettre à des riches couples étrangers d'utiliser le corps d'une de nos citoyennes dans le besoin comme un vulgaire conteneur. C'est tout simple lamentable. Vous prônez une ouverture d'esprit et une mise en avant des libertés de chacun mais la réelle motivation de cette loi est purement capitaliste. Gagner toujours plus d'argent en méprisant totalement nos citoyens, leur santé et la dignité humaine.
Elizabeth Hamrock de la Fédération de l'Authenticité peut, à son tour, s'exprimer :
Que faites-vous de l'existence d’un « lien biologique ». Le lien maternel, d'après de nombreux spécialistes, ne s’établirait pas seulement à la naissance mais bien avant, dans le ventre de la maman. La GPA risque de rompre ces liens qui s’élaborent entre la femme enceinte et le fœtus pendant la durée de la grossesse, ces liens complexes, de nature psychologique et biologique constituent les éléments d’un attachement précoce. Il y a donc des risques pour le développement de l’enfant et la qualité de son lien avec ses parents d’intention, mais également pour la mère porteuse.
Avant de passer au vote, la dernière intervention sera celle de
Benjamin Harson de la Fédération Posthumaniste :
Et bien, on dirait que cette proposition de loi ne satisfait pas grand monde. Je vous le dis d'emblée, la Fédération Posthumaniste ne la soutiendra pas non plus. Nous sommes pour la GPA, nous l'avons montré par le passé, mais cette proposition de loi est une perte de temps. Mes collègues ont mis en avant des arguments éthiques, médicaux et biologiques mais le problème n'est pas là. Comment allons-nous concrètement mettre en place cette loi ? Une mesure de la sorte augmentera forcément le nombre de GPA, rapportera plus d'argents à nos hôpitaux et les poussera tout naturellement à investir plus dedans. La mobilisation de fonds et de personnes engendrée par l'ouverture de la GPA aux étrangers entraînera une baisse d'activités des groupes hospitaliers dans des domaines que nous jugeons plus important, comme la recherche génétique. Si un citoyen étranger veut avoir recours à la GPA, qu'il le demande à son gouvernement ! Ce n'est pas à nous de le faire.
L'assemblée doit maintenant se prononcer sur la proposition :
POUR : 55
CONTRE : 45
ABSTENTION : 0
La loi est donc adoptée majorité contre opposition. Elle prendra effet le premier avril prochain.